En tant que responsables et décideurs, notre devoir en ces temps incertains est avant tout de rassurer. Que ce soit vis-à-vis de la croissance, des emplois, de la transformation, de la cybersécurité ou des chaînes d’approvisionnement. Et surtout en ce qui concerne l’avenir. La tâche n’est pas aisée, mais elle nous unit en tant que CEO à travers le monde.
Dans le 25e « Annual Global CEO Survey », nous identifions la façon dont nous, décideurs suisses, relevons ce défi.
Je vous souhaite une agréable lecture.
Andreas Staubli
CEO, PwC Suisse
Les CEO que nous avons interrogés en Suisse en 2020 avaient de grandes attentes quant au retour de l’économie mondiale. 2021 - deuxième année de la pandémie - leur a manifestement donné satisfaction.
Cité par 85 % des CEO interrogés, le changement climatique arrive en cinquième position du classement des menaces des entreprises. Ils accordent par conséquent la même importance à l’urgence d’opérer dans un cadre durable, par exemple au travers d’un engagement de zéro émission nette ou par la neutralité carbone. Les réglementations nationales et internationales sont plus ou moins strictes en matière de développement durable envers les entreprises, notamment envers le secteur financier et les domaines énergivores, tels que l’acier, le ciment ou la fabrication. Aujourd’hui déjà, le développement durable n’est plus une simple question de marketing, mais un impératif auquel il convient de se conformer. Le paysage réglementaire va encore se densifier au cours des prochaines années.
81 % des participants à l’étude indiquent que leur branche ne dispose actuellement d’aucune approche de décarbonation normalisée. Des approches de décarbonation intersectorielles commencent tout juste à se mettre en place et l’élaboration de normes et de structures harmonisées est en cours. Pour qu’elles opèrent, les entreprises doivent collaborer avec les différents échelons en amont (fournisseurs) et en aval (consommateurs) de leur chaîne de valeur, communiquer les interdépendances et définir des objectifs communs. Ce dialogue a lieu, mais il n’avance que lentement.
La pandémie a accéléré les transformations sectorielles décrites précédemment, sans pour autant influencer les décisions stratégiques les concernant. Telle une immense loupe, elle a eu un effet grossissant sur certaines thématiques et montré aux entreprises à quel point il était urgent de les traiter. Si en 2020 les conseils d’administration et les CEO se sont avant tout intéressés à des points tels que la chaîne d’approvisionnement ou le stockage, 2021 a mis les thématiques majeures de la transformation à l’ordre du jour. Elles impliquent de repenser l’ensemble du modèle d’affaires et, partant, toutes les ressources et les infrastructures à disposition. Les décideurs qui ne sont pas capables d’apporter des réponses clairvoyantes condamnent leur entreprise à disparaître dans un avenir proche. Il est alors d’autant plus compréhensible que les CEO misent sur leurs propres forces, telles que le capital, les compétences et les relations, pour trouver ces réponses.
Pendant des années, les discussions stratégiques ont porté sur l’efficacité ou les coûts. Il est aujourd’hui avant tout question d’importantes transformations sectorielles et de développement durable vus comme des exigences de premier ordre.
Le fait que 100 % des CEO citent la cybersécurité dans la liste de leurs préoccupations ne s’explique pas uniquement par l’omniprésence du hacking dans les médias. Au cours des deux dernières années, ils ont acquis une meilleure connaissance des cyberattaques et de leurs conséquences. De nombreux responsables connaissent des victimes dans leur réseau professionnel. Chez la plupart d’entre eux domine pourtant une certaine perplexité quant à la façon de faire face à ce danger et quant à la nature des investissements à faire pour agir le plus rapi-dement et le plus efficacement possible. Les CEO savent combien de temps cela peut prendre de combler les failles du passé.
Au printemps 2020, la pandémie a tout particulièrement montré aux entreprises intégrées dans les réseaux internationaux que leur chaîne d’approvisionnement pouvait menacer leur pérennité. Dans certains secteurs, des unités de production ont dû entièrement fermer et les matières premières, les produits semi-finis ou les composants étaient bloqués ou fortement retardés aux frontières durant les confinements. Quasiment du jour au lendemain, il est devenu impossible de s’appuyer sur les structures d’approvisionnement mondiales habituelles. Les entreprises ont alors tenté de remédier, du moins en partie, aux faiblesses et aux dépendances de leurs chaînes d’approvisionnement en achetant et en produisant à une échelle régionale ou locale.
La présente étude se base sur le « 25th Annual Global CEO Survey 2021 » de PwC Global et a été menée en novembre 2021. Au total, 4446 CEO ont été interrogés dans 89 pays, dont 100 en Suisse. L’échantillon mondial a été pondéré en fonction des PIB nationaux. Cela permet une représentation équitable des opinions des CEO des principales régions du monde. En Suisse, toutes les questions et réponses ont été soumises par écrit au moyen d’un questionnaire en ligne.