La valeur réelle des monnaies virtuelles
Les applications les plus fréquentes de la blockchain comportent les monnaies virtuelles, ou crypto-monnaies. Elles exécutent un mécanisme de paiement numérique. Les données relatives à ces transactions sont sauvegardées sous forme cryptée par leurs détenteurs.
Les monnaies virtuelles sont nées dans les années 1990, quand des programmateurs et cryptographes essayaient de protéger les échanges d’e-mails privés contre les spams indésirables à l’aide d’algorithmes de cryptage. La première monnaie virtuelle a été conçue par un créateur anonyme portant le pseudonyme de Satoshi Nakamoto. Celui-ci a présenté son idée d’une crypto-monnaie baptisée bitcoin dans « The Cryptography Mailing List » le 1er novembre 2008. La première transaction en bitcoins n’a eu lieu que deux mois plus tard. Depuis 2011, le créateur n’a plus beaucoup fait parler de lui, mais le développement de son idée s’est poursuivi.
Il existe actuellement plus de 3 000 applications de la blockchain et de monnaies virtuelles par lesquelles environ une centaine atteint un volume de négoce supérieur à un million de dollars par jour.[1] Étant la première crypto-monnaie, le bitcoin est aussi la plus connue. L’algorithme de création des bitcoins est défini de sorte qu’il n’y ait jamais plus de 21 millions de bitcoins.
[1] Voir CoinMarketCap (coinmarketcap.com), Top 100 Cryptocurrencies by Market Capitalization
Du potentiel à de nombreux niveaux
En raison de son approche disruptive, la blockchain avec des monnaies virtuelles est considérée comme un game changer, surtout dans le secteur financier. Voici un aperçu de ses trois avantages clés :
a) Placements innovants
L’argent virtuel donne accès à une vaste palette d'actifs numériques à faible coût. Il offre la possibilité de fractionner (« tokéniser ») des actifs sur la blockchain. Cette tokénisation permet de diviser, négocier et transférer librement les actifs entre les détenteurs.
b) Smart contracts
Les smart contracts sont des programmes d’une blockchain qui exécutent et couvrent un contrat à l’aide d’instructions « si- alors » récurrentes. Ils automatisent la réalisation d’un contrat, mais pas sa conclusion. Les smart contracts sont surtout adaptés aux opérations de masse standardisées où ils appliquent des règles répétitives.
Prenons comme exemple l’assurance contre les retards d’avions : supposons que le trafic aérien subisse des retards dans un aéroport donné. Grâce aux données relatives aux réservations et enregistrements des vols, l’aéroport sait quels passagers ont pris des vols retardés et connaît la gravité de ces retards. Avec des smart contracts, l’aéroport pourrait automatiquement indemniser ou rembourser les passagers qui ont conclu une assurance contre les retards et versé la prime correspondante.
c) Transactions en temps réel
Grâce à la blockchain et aux propriétés des monnaies virtuelles, il est possible de transférer des sommes d’argent dans des régions sous-développées et non connectées à un système financier, et ce, directement, sans processus lourd ni agent. Ainsi, des transactions rapides et à moindre coût sont réalisables. La conversion en une monnaie locale n’est pas nécessaire car le bénéficiaire peut utiliser la monnaie virtuelle pour effectuer d’autres transactions.
Prenons un cas simple, tout d’abord dans un contexte classique : A souhaite transférer de l’argent à B à l’étranger. Pour ce faire, il a besoin d’un intermédiaire fiable, généralement une banque. A donne donc l’ordre à sa banque d’effectuer le transfert. Cela prend normalement quelques jours. L’intermédiaire facture à A une commission de transfert sous forme de frais bancaires ou de frais de change.
Reprenons cet exemple dans un contexte de blockchain : A déclenche une transaction électronique qui est affichée en ligne dans un bloc et envoyée à tous les participants au réseau. Les mineurs vérifient que A détient réellement cet argent et que la transaction est valide. Les participants au réseau informent les autres qu’ils approuvent la transaction. La transaction est seulement ajoutée à la chaîne avec un marqueur temporel lorsque les participants (leur majorité dans le cas du bitcoin) ont donné leur accord. L’argent est alors transféré à B, en général en l’espace de quelques secondes.
Risques et effets secondaires
Bien souvent, les plus grands atouts ont également leurs revers. C’est le cas pour la blockchain et les monnaies virtuelles. Examinons brièvement les principaux défis :
a) Conservation des actifs
Les actifs sur des comptes numériques (wallets) sont certes flexibles et vite établis, mais leurs détenteurs n’en ont qu’un contrôle lâche par le biais d’une clé numérique (private key). Si cette clé est perdue ou volée, il en résulte souvent une perte des actifs. Citons le cas célèbre du Britannique James Howells, qui avait accumulé 7 500 bitcoins pour quelques centimes sur un disque dur qu’il a jeté en 2013. Ce disque dur vaudrait aujourd’hui plus de 57 millions d’euros. Plusieurs institutions réalisent actuellement des travaux sur la conservation systématique des clés et donc l’accès aux actifs numériques.
b) Smart Contracts
Les smart contracts réglementent de nombreuses éventualités, mais pas toutes, loin de là. Des processus ou programmations lacunaires peuvent conduire à un mauvais traitement du contrat. Les parties contractuelles ne peuvent pas faire annuler un smart contract ; ce contrat a été convenu et sera exécuté automatiquement. Enfin, à cause de la transparence des données décentralisées dans la blockchain, des tiers peuvent consulter les algorithmes, paramètres contractuels et conditions des smart contracts.
c) Aucun intermédiaire central
Le transfert numérique des actifs élimine la fonction de contrôle par un intermédiaire. À ce jour, les législateurs, autorités de surveillance et normalisateurs n’ont pas établi de contrôle des compensations généralement applicable. Cela accroît le risque d’abus, surtout en matière de blanchiment d’argent. En outre, ni relevé bancaire ni titre de propriété technique n’est éta-bli du fait de la décentralisation.
Approfondir la relation de confiance
Une gouvernance appropriée, des contrôles efficaces, des processus clairs et des directives strictes permettent de réduire les risques susmentionnés. Il est donc judicieux de faire installer, vérifier et certifier par un tiers neutre l’infrastructure utilisée ou les processus externalisés.
Chez PwC, nous avons développé une application pour les crypto-monnaies alliant notre longue expérience de l’audit, nos connaissances en matière de développement logiciel et notre expertise en blockchain. Ce système de conception modulaire intègre constamment de nouvelles monnaies et peut être adapté aux besoins spécifiques de chaque entreprise. Il assure essentiellement deux contrôles clés :
Preuve de propriété
Avec cette application, une entreprise peut vérifier de manière simple et rapide sa propriété d’actifs virtuels et son droit technique à en disposer dans la blockchain. L’application établit cette preuve de propriété ponctuellement ou régulièrement dans le cadre d’une vérification annuelle sélective ou exhaustive.
Reporting des transactions
Grâce à cette application, l’entreprise peut établir des rapports sur les transactions et les soldes pour un nombre illimité d’actifs numériques. Ces rapports Excel paramétrables permettent également de réaliser des tests sur les transactions, des analyses ou des réconciliations. Les rapports comprennent les soldes d’ouverture et de clôture pour la période sélectionnée ainsi que tous les détails relatifs aux transactions, y compris les frais de transaction respectifs des crypto-adresses sélectionnées.
Entre des mains fiables
Notre application permet l’accès non censuré à toutes les informations de la blockchain. Celles-ci sont très précieuses parce qu’elles sont inscrites de manière inaltérable dans la blockchain et ne peuvent pas être manipulées. Une application de ce type remplace en partie la fonction de contrôle qu’assume l’intermédiaire financier dans une approche conventionnelle. Notre outil aide les entreprises à gérer les défis de la technologie de la blockchain et à mettre en œuvre les processus et contrôles nécessaires à leur gouvernance financière et réglementaire.