Saviez-vous que, en Suisse, l’infarctus du myocarde tue plus de femmes que d’hommes ? Ou que les femmes présentent des symptômes différents de ceux des hommes ? Afin de déterminer le niveau de connaissance de la population suisse sur le thème de la médecine de genre et des maladies cardiovasculaires, nous avons interrogé 1573 personnes âgées de 18 à 79 ans en Suisse romande et en Suisse alémanique. Nous résumons ci-dessous les principaux faits et conclusions de notre publication « La santé, une affaire de cœur ».
Plus d’une personne sur deux qui participe à l’étude ne sait pas ce que signifie le terme de médecine de genre. 39 % des personnes interrogées ont déjà entendu le terme, 11 % connaissent le sujet de la médecine de genre. La médecine de genre est certes est sujet abordé dans le système de santé, mais elle peine à être intégrée dans les soins médicaux. L’industrie en est consciente et tente d’y remédier. « Chez PwC, nous participons à la recherche de solutions dans les différentes branches du secteur de la santé. Pour combler les lacunes évoquées dans les données en matière de médecine de genre, nous développons par exemple des applications basées sur l’IA qui standardisent les données de santé, identifient des différences types liées au genre et permettent à la médecine d’exploiter ces résultats », explique Dominik Hotz, responsable Health Industries EMEA, PwC Suisse.
85 % des personnes participant à notre étude pensent que les hommes meurent davantage de maladies cardiovasculaires que les femmes. 53 % estiment que la première cause de mortalité chez les femmes est le cancer. Les statistiques officielles mettent fin à ce mythe : en 2022, 10 951 femmes et 9512 hommes ont succombé à une maladie cardiovasculaire. En Suisse, ces maladies constituent la première cause de décès (27,5 %), devant le cancer (23,1 %).
Interrogés sur les symptômes connus de l’infarctus du myocarde, les deux sexes citent le plus souvent les douleurs thoraciques et la détresse respiratoire, considérées comme des symptômes typiquement masculins. Les femmes présentent souvent en même temps d’autres symptômes tels que des douleurs dorsales ou abdominales, des nausées ou des vomissements. Ces signes sont toutefois peu connus des personnes interrogées. La méconnaissance des symptômes propres au genre a souvent pour conséquence que les femmes tardent à solliciter une assistance médicale. Une telle hésitation peut être fatale ou entraîner des lésions cardiaques permanentes. De plus, cela peut avoir des répercussions sur l’ensemble de l’économie, tels que des traitements ultérieurs coûteux.
L’infarctus du myocarde est généralement considéré comme une « maladie typique des cadres masculins », signe d’une faible robustesse et d’un mode de vie malsain. Cette stigmatisation contribue en outre à ce que les femmes victimes d’une crise cardiaque témoignent moins souvent que celles atteintes d’un cancer du sein, par exemple. En effet, elles ne veulent pas se faire le porte-parole d’un groupe à risque auquel elles ne se sentent pas appartenir.
82 % des personnes participant à l’étude jugent pertinent que les médecins prennent en compte la dimension de genre dans le diagnostic et le traitement des maladies. 60 % des femmes interrogées estiment ne pas être suffisamment sensibilisées et informées sur la prévention des maladies cardiovasculaires. Divers acteurs suisses de la santé ont abordé le thème de la médecine de genre. Mais les initiatives actuelles manquent d’une orientation générale au niveau national. Philip Sommer, responsable du secteur d’activité Santé de PwC Suisse : « En Suisse, il faut davantage de campagnes d’information. Les initiatives à grande échelle devraient s’adresser à tout le monde : les patient-e-s, les professionnel-le-s de la santé, les entreprises pharmaceutiques, les scientifiques, les compagnies d’assurance maladie et, enfin, la population. »
La collecte des données pour l’étude PwC « La santé, une affaire de cœur » a eu lieu en janvier 2024 par le biais d’un questionnaire en ligne et a été réalisée par une société d’études de marché externe. 1573 personnes âgées de 18 à 79 ans ont été interrogées en Suisse alémanique et en Suisse romande, dont 1050 femmes et 523 hommes. Les résultats ont été pondérés en fonction du groupe d’âge, du sexe et de la région de manière à refléter les proportions réelles de la population. Les auteur-e-s ont affiné les résultats quantitatifs en réalisant deux entretiens avec des expertes.
Claudia Vittori, PhD
Senior Manager, Advisory Health Industries, PwC Switzerland